RÉSUMONS-NOUS !, par François Leclerc

Billet invité.

Deux politiques s’affrontent à propos de l’avenir de l’Europe. Celle du gouvernement allemand, qui s’est imposée, et celle du nouveau gouvernement grec, qui y est franchement opposée. La première ne peut faire valoir de résultats déterminants, remis à plus tard, et la seconde a pour elle le réalisme : si la relance économique est la condition de sortie de la crise, elle ne peut pas résulter d’une politique d’austérité et de déflation et il faut s’en donner les moyens. Et la dette grecque ne peut pas être remboursée dans sa totalité, même étalée dans le temps.

Le gouvernement d’Athènes a élaboré un plan partant de ces deux constatations et prend à contre-pied les certitudes affichées des autres gouvernements européens, quoi qu’ils en pensent dans leur fors intérieurs. Continuant dans la même veine provocatrice, Yanis Varoufakis a comparé lors d’un entretien à la RAI (la télévision italienne) cette situation à celle qu’a connue l’Union soviétique, du temps où la peur y prédominait. Un propos qui prend tout son relief dans le contexte des négociations en cours avec Vladimir Poutine et du lâchage de l’Ukraine attribué à Angela Merkel…

En Grèce, les gardiens du Temple ont du mal à reprendre l’initiative, comme l’illustre la venue à Athènes d’émissaires avec pour mission de préparer au mieux la réunion de l’Eurogroupe de mercredi. L’incognito de Declan Costello, représentant de l’Union européenne au sein de la Troïka, et de Thomas Wieser, le président du groupe technique de l’Eurogroupe, n’a pu longtemps être préservé ! On en vient à croire qu’ils restent sur la défensive, n’ayant pas de plan B à proposer, comme on l’avait déjà remarqué.

L’administration Obama, qui désespérait depuis longtemps de voir Angela Merkel infléchir sa politique, considère que le moment est peut-être venu de l’obtenir. La chancelière discute Ukraine avec Barack Obama, mais il doit rester une petite place dans son agenda pour évoquer la Grèce. Jack Lew, le secrétaire d’État au Trésor américain, a déclaré depuis Istamboul : « maintenant, tout le monde doit baisser un peu la pression de la rhétorique. Il doit y avoir un dialogue dans lequel la Grèce et toutes les parties prenantes cherchent une issue pratique et pragmatique ». Pour se faire bien comprendre, il a ajouté : « la Grèce a fait beaucoup de sacrifices et de changements dans son économie au cours des dernières années. Elle a des fondations plus solides (…) et doit bâtir sur ces fondations plus solides ».